Le Vert Bastien Girod a publié une vidéo alarmiste sur un détournement d’avion sur un site atomique. Les opposants à la sortie du nucléaire sont furieux.
Un programme de la télévision alémanique SRF sur le thème du terrorisme a tenu en haleine les téléspectateurs outre-Sarine dimanche soir. Question posée via un film: un pilote militaire doit décider s’il doit abattre ou pas un avion de ligne avec 164 passagers à bord qui aurait été détourné pour s’écraser sur un stade de foot de 70’000 personnes. Le débat qui s’en est suivi a enflammé les réseaux sociaux. Et la question vient d’être détournée par le Vert Bastien Girod dans le cadre de la campagne autour de l’initiative sur la sortie du nucléaire.
En effet, le conseiller national a publié une vidéo montrant ce qu’il se passerait si le même scénario se produisait mais qu’au lieu d’un stade, c’est une centrale nucléaire qui était visée. Sur fond de musique angoissante et d’images sombres, le Vert affirme dans la vidéo avoir posé la question à l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire. Réponse de l’IFSN: toutes les centrales devraient être immédiatement arrêtées. Conclusion du politicien: les centrales ne résisteraient pas à l’impact d’un appareil moderne.
Les avions militaires arriveraient trop tard
La vidéo continue et montre une image prise à bord d’un Airbus A340 survolant la centrale nucléaire de Beznau, la plus vieille du monde, très reconnaissable. Une centrale qui se trouve au beau milieu de plusieurs routes aériennes. Selon Bastien Girod, les avions de chasse suisses arriveraient trop tard en cas de détournement. Et ce serait le drame, façon Tchernobyl ou Fukushima. Des millions de gens devraient fuir le pays, explique-t-il dans la vidéo.
But clairement avoué à la fin du film: persuader les citoyens de voter oui le 27 novembre à l’initiative de son parti sur la sortie du nucléaire. Du coup, les opposants au texte sont furieux. «Ce n’est que du pur alarmisme», critique le conseiller national UDC Thomas Hurter, lui-même pilote militaire. Selon lui, affirmer que les forces aériennes suisses n’auraient pas le temps d’intervenir est tirée par les cheveux, dit-il dans 20 Minuten.
L’armée n’aurait pas le temps de réagir
Un ancien pilote de Swissair, qui a travaillé pendant trois ans sur les risques terroristes autour des centrales n’est pas d’accord: Tout le monde peut voir sur les radars que de nombreux avions survolent Beznau régulièrement à basse altitude, dit Max Tobler. «Un pilote expérimenté pourrait parfaitement détourner son appareil sur le site. Et l’armée n’aurait pas le temps de réagir et d’envoyer à temps un avion de combat», affirme-t-il.
Quant à l’IFSN, elle réfute la réponse que lui prête Bastien Girod dans sa vidéo. Selon elle, les deux centrales les plus récentes, Gösgen et Leibstadt, devraient résister à un crash d’un long-courrier. Celles de Mühleberg et Beznau pourraient en revanche causer des dégâts, a indiqué son porte-parole.
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